Entre les incendies, les vagues de canicule et la sécheresse associée, la saison estivale, d'ordinaire synonyme d'insouciance, a nettement perdu en légèreté. Les experts LLP décortiquent avec vous les tenants et les aboutissants de ces angoisses liées à l'accélération du changement climatique.... et des pistes pour faire face à la prise de conscience douloureuse de toute une génération.
L'éco-anxiété, comme un nouveau mal du siècle :
Pas facile de "Roule[r], jeunesse !" aujourd'hui ... Avoir vingt ans en 2022, c'est un peu prendre de plein fouet - en plus d'un climat socio-économique morose - la réalité climatique, une réalité qui dépasse largement celle de notre société et ses règles établies. En résulte une "jeunesse soucieuse", privée de la liberté de se projeter dans un environnement habitable, soumise à l'incertitude et la peur de ne plus pouvoir vivre sur terre "comme avant" et de devoir vivre contre la montre.
« Alors s'assit sur un monde en ruine une jeunesse soucieuse. » La Confession d'un enfant du siècle, Alfred de Musset
La génération Z a en commun avec la jeunesse du XIXème siècle de se vivre comme une génération sacrifiée : de promesses politiques internationales non tenues en Grenelle de l'environnement bafoués, l'écologie a un goût amer. Un sacrifice sur l'autel de l'inaction environnementale un peu difficile à digérer cette génération Covid ultra-engagée.
Spleen climatique ou véritable maladie ?
Entre angoisse liée aux changements climatiques et panique face au monde et l'écologie de demain, qu'est-ce donc alors que ce concept ? Il est nécessaire de définir l'éco-anxiété pour mieux l'appréhender. Si la définition de l'éco-anxiété brille par son absence dans notre bon vieux Larousse - tout comme auprès de nos organismes gouvernementaux de santé publique - , nombre de chercheurs internationaux se sont livré à l'exercice de définition, comme l'explique la Fondation Jean Jaurès dans un article publié sur son site. Dans cet article, elle en lumière la définition exhaustive de l'éco-anxiété de chercheurs Autraliens et Néo-zélendais, Teaghan L. Hogg, Samantha K. Stanley, Léan V. O’Brien, Marc Wilson et Clare R. Watsford, développée dans leur étude « The Hogg Eco-Anxiety Scale: Development and validation of a multidimensional scale », publiée en novembre 2021 :
« L’“éco-anxiété” est un terme qui rend compte des expériences d’anxiété liées aux crises environnementales. Il englobe “l’anxiété liée au changement climatique” (anxiété spécifiquement liée au changement climatique anthropique), tout comme l’anxiété suscitée par une multiplicité de catastrophes environnementales, notamment l’élimination d’écosystèmes entiers et d’espèces végétales et animales, l’augmentation de l’incidence des catastrophes naturelles et des phénomènes météorologiques extrêmes, la pollution de masse mondiale, la déforestation, l’élévation du niveau de la mer et le réchauffement de la planète. »
Cependant, si elle atteint notre bien-être mental, l'éco-anxiété n'est une maladie. Elle n'est pas répertoriée en tant que telle dans le DSM-5 ni dans le CIM-10, - les deux outils de classification internationaux des troubles mentaux - et s'apparente plutôt à une anxiété d'anticipation, une forte inquiétude pour l'avenir imminent qu'on nous prédit cataclysmique.
Autre certitude : l'éco-anxiété n'est pas l'apanage des terrains anxieux comme on pourrait l'imaginer. Elle touche toute une génération et plus largement toutes "les personnes rationnelles et lucides dans un monde qui ne l’est pas" selon les mots d'Alice Desbiolles, médecin de santé publique auteure du livre Éco-anxiété. Vivre sereinement dans un monde abîmé.
Pour ma santé mentale, je passe à l'action :
Difficile de ne pas être en colère contre les générations dont l'attitude plus attentiste face au climat fait bondir les jeunes activistes d'aujourd'hui. Pour autant, la colère seule est bien mauvaise conseillère.... Les experts de la Ligne Pélican vous proposent donc quelques pistes pour comprendre et lutter contre l'éco-anxiété :
Face à l'anxiété, nous ne sommes pas tous égaux. Ainsi, « Il n’y a pas une mais des éco-anxiétés », explique Alice Desbiolles, L'éco-anxiété peut prendre s'exprimer aussi bien de façon psychosomatique, qu'émotionnelle ou même plus largement existentielle. D'ailleurs, selon la docteure, interrogée par le Centre d'information régionale pour l'Europe occidentale des Nations-Unies en octobre 2021, l'éco-anxiété peut prendre un sens positif par la remise en question des comportements qu'elle suscite, entrainant ainsi "une transition écologique progressive" : un petit coup de pouce pour changer les mentalités.
Face à cette situation inquiétante, la meilleure réponse est donc de s'exprimer et de communiquer : trouver une oreille attentive auprès d'un proche bienveillant, un ami et se libérer d'un poids. C'est aussi l'occasion d'entamer une démarche eco-friendly à plusieurs, de s'engager concrètement pour l'environnement pour faire sa part... et rompre avec la spirale du stress ! Les experts de La Ligne Pélican se tiennent également à votre disposition...
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